Festival de Losar – Nouvel An tibétain

Signification et calendrier tibétain

Le Nouvel An tibétain correspond au début du printemps et est donc célébré à la même date que le Nouvel An chinois.
À l’origine, les tibétains utilisaient un système différent de calcul. C’était le calendrier de la religion bön. Selon les registres, le Tibet possédait son propre calendrier avant le Ier siècle av. J.-C. La méthode de calcul était très simple, basée sur un système de mois lunaires établis d’après la pleine lune, la nouvelle lune et la demi-lune. Dans ce système, le Jour de l’An correspondait au premier jour du onzième mois de l’actuel calendrier tibétain.

La princesse Wencheng de la dynastie des Tang se rendit au Tibet en 641 pour se marier avec Songtsan Gambo (roi du Tibet). Elle avait alors apporté beaucoup d’ouvrages, dont certains traitaient d’astronomie et du calendrier chinois, ce qui a joué un rôle dans l’élaboration du calendrier tibétain.

Au lieu de se servir des périodes lunaires pour fixer le Nouvel An, on a pris la position des étoiles comme point de référence. Certaines régions de Shigatse observent encore le Nouvel An d’après cette méthode de calcul. À partir du IXe siècle, le calendrier tibétain commença à ressembler à celui des Han, et c’est sous Phagpa (1235-1280) qu’il a connu son plus grand développement et atteint sa forme actuelle.

Basé sur les mouvements du soleil et de la lune, le calendrier tibétain se décompose en douze mois lunaires de vingt-neuf ou trente jours.
Tous les trois ans environ, on ajoute un mois intercalaire tous les 1000 jours pour compenser le décalage avec le calendrier solaire des saisons, en fonction duquel s’organisent les travaux agricoles.

À cet aspect mathématique du calendrier se sont superposées de lointaines influences chinoises. Ainsi, on retrouve l’association d’un animal et d’un élément naturel pour dénommer chaque année. Dans ce panthéon astrologique se côtoient douze animaux (lièvre, dragon, serpent, cheval, mouton, singe, coq, chien, cochon, souris, bœuf et tigre) et cinq éléments (bois, feu, terre, métal et eau).
La première année du calendrier tibétain correspond à l’an 127 av. J.-C. de notre calendrier grégorien, date à laquelle le roi tibétain Nyatri Tsenpo accéda au trône.

Les festivités

Au Tibet comme au sein de la diaspora tibétaine, le Losar est la fête la plus importante de l’année. C’est le moment où l’on se débarrasse symboliquement de tout ce qui a été négatif au cours des douze derniers mois, et où l’on s’apprête dans la joie à entrer dans une nouvelle année pleine de promesses. Les cérémonies de passage au nouvel an sont avant tout familiales et s’étalent sur plusieurs jours. Leur préparation débute longtemps à l’avence dès le début du 12ème mois.

La veille du Nouvel An, les familles tibétaines se réunissent pour commencer les rituels. On procède à des cérémonies d’exorcisme dans les monastères et on nettoie la maison de fond en comble, afin d’éliminer tout ce qui est considéré comme impur. Puis on partage le Gouthouk, la « soupe du vingt-neuvième jour ». Cette soupe, garnie de boulettes de farine de blé, de viande et de radis, est porteuse de présages, symbolisés par quelques ingrédients inattendus : fil de laine pour la bienveillance, petit caillou blanc pour un esprit positif, piment pour le courage, morceau de charbon pour les pensées négatives à rejeter…À la fin du repas, on se purifie symboliquement le corps en le frottant avec des boules de tsampa (orge grillé). Chargées des éléments négatifs de chacun, elles seront déposées au-dehors et brûlées en compagnie d’une effigie, également en tsampa, représentant le mal. Enfin débarrassé de toutes ces mauvaises ondes, on peut débuter l’année sous de meilleurs auspices.

Le matin du Jour de l’An, chacun endosse des vêtements neufs et c’est le moment de présenter ses vœux. Les divinités ne sont pas oubliées, auxquelles on lance des poignées de tsampa en signe de dévotion. Les autels de chaque foyer sont également ornés d’offrandes de toutes sortes : beignets, chang (bière d’orge), thé, sel, tête de mouton sculptée dans du beurre de yack, etc. La journée se passe en famille, entre prières, jeux et repas de fête. En effet on ne doit pas rendre de visites le 1er de l’an.

Le deuxième jour, il est temps de sortir pour voir ses amis, parents et échanger les vœux.

C’est le troisième jour que l’on peut apercevoir, hissés sur le toit de chaque maison et des lieux de culte, de nouveaux drapeaux de prière tandis que les anciens sont brûlés. Cela afin de rendre hommage aux divinités du toit. Les tibétains s’éloignent de la ville et vont allumer, sur les collines alentour, de petits feux de genévrier, ultime rituel destiné à invoquer la bienveillance des divinités protectrices.

La suite des festivités du nouvel an se déroule du 3ème au 17ème jour à travers les cérémonies du Mönlam.